On dit que le sens associé au souvenir est celui de l’odorat. En ce qui me concerne, l’ouïe est souvent particulièrement évocatrice…
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Il y a quelques semaines, je me suis pointée bureau avec le nouveau cd de Bran Van 3000, soit l’album « Rosé ». Quand ma nouvelle collègue de travail m’a demandé si j’étais une fan du groupe, j’ai bien honnêtement répondu que je connaissais à peine quelques chansons de la formation montréalaise, que j’avais plutôt acheté le CD par curiosité. En vrai, jusqu’à tout récemment, Bran Van 3000 se résumait pour moi à la mélodie de Drinkin in L.A. et à 2 filles vêtues de chiennes oranges qui chantent les yeux au ciel, l’air dans les vapes. Ça, c’était dans le temps où j’enregistrais les vidéoclips à MusiquePlus. C’était le temps de Truly, Madly, Deeply et de Don’t speak.
La nouvelle collègue, tout étonnée, me répond d’un ton mi-amusé, mi-ironique : « Quoi, t’as jamais dansé dans les raves sur du Bran Van? Au Black and Blue genre?! ». Ou elle essaie d’anéantir les allures de jeune professionnelle que je tente parfois avec grand mal de me donner (comprendre ici que dans l’environnement de travail où je me trouve, je me plais cent mille fois mieux à être « jeune » que « professionnelle » et que je n’envisage pas la combinaison des deux termes avec sérieux) ou elle croit à tort qu’aujourd’hui, toute jeunesse débridée doit se faire à travers quelques nuits blanches passées à se défoncer dans un immense gymnase au milieu de milliers de corps suant, dansant au rythme d’une musique techno dont chaque tympan garde un bourdonnant souvenir pour les jours à venir. Question à laquelle j’ai répondu par la négative.
Bon. Dans un souci d’honnêteté envers moi-même, je précise que ceci est la définition que j’imagine que l’on peut se faire d’une telle soirée. La mienne n’est pas aussi péjorative et s’accompagne d’un mélange d’envie et de curiosité dont je n’ai pas encore fait mon deuil.
Une longue introduction pour en venir aux événements de lundi dernier.
16 h 30, la journée achève, j’écoute random les chansons de ma bibliothèque musicale en travaillant. Bien concentrée sur mon Photoshop, je hoche la tête sur le beat de la musique sans vraiment porter attention à ce qui joue, quand 5 mots atteignent la partie consciente de mon cerveau et me font me dire : « deux minutes, j’connais ça, ces paroles-là! ». Ces paroles étaient en fait « whether you a true talent ». Et là, toute fébrile, je me rends compte que la chanson Sex Love and Peace du nouveau disque de Bran Van, que j’adore mais à laquelle je n’ai jamais porté attention pour les mots qui y sont chantés, reprend une partie des paroles de Deliverance de Bubba sparxxx. Une chanson que j’ai écoutée en boucle des centaines de fois avec Cath et Kim, bien callées dans les sièges de « La bombe », ma première voiture officielle.
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La Caravelle de Chrysler était presque aussi vieille que moi (c’était une 87). L’immense véhicule blanc m’offrait la combinaison luxueuse banquettes - toit ouvrant - air climatisé - look de gangsta. Avant d’être mien, il n’avait été la propriété que de ma grand-maman qui, s’étant douloureusement vue retirer son permis de conduire, me la confiait accompagnée d’une persistante odeur de cigarette, d’une photo de Jésus suspendue au rétroviseur et d’une tache de rouille pleine de promesses sur son flanc gauche. Véritable bolide caricatural pour l’adolescente de 16 ans un peu gênée que j’étais, et pour lequel j’ai entretenu des sentiments d’amour-haine pendant 3 longues années.
Amour pour les fois où on s’y est entassées, 6 filles euphoriques, en ayant l’impression de partir pour le bout du monde, même si ce bout du monde n’a jamais vu plus loin que Québec, pour les nombreuses situations cocasses où j’ai pu me sentir complètement ridicule et où ma crédibilité pouvait frôler le zéro au volant d’un aussi gros engin impossible à stationner correctement, pour les moments de tendresse dont il a été témoin et pour la nonchalance avec laquelle je pouvais me permettre de traiter cette automobile qui était à mes yeux tout droit sortie de l’antiquité.
Haine pour avoir rapidement fait des termes « booster un char » une réalité très concrète de mon quotidien, pour avoir été obligée d’inventer avec ingéniosité une façon d’attacher avec les ceintures de sécurité des portières qui refusaient de fermer et qui menaçaient de s’ouvrir à tout moment, pour toutes les fois où, en panique, j’ai fermé le volume de la radio quand, perdue en pleine nuit au milieu d’une autoroute, j’ai cru entendre un son étrange produit par mon bolide déchu et pour les nombreuses journée d’été où j’ai volontairement évité le coin du « Dairy Queen » et de la « Lichette », sur la Lindsay, à Drummondville, lieu de confrontation suprême où les crèmeries se narguent de chaque côté de la rue et où la masculinité se mesure à la taille de son peep flow et à la puissance du vrombissement de son engin.
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Toujours est-il que même si mon intérêt pour Bran Van 3000 n’est né d’aucune soirée passée à me déchaîner sur ses musiques, il reste que j’apprécie cet album Rosé un peu plus chaque jour où j’ai l’occasion de me visser deux écouteurs aux oreilles.
Un post plutôt long pour en arriver à cette conclusion, écrit un peu n’importe comment entre le présent et le souvenir, tapé au rythme de mes réflexions pas toujours structurées ;)
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7 commentaires:
Mon dieu! Tu pourrais faire un livre avec tous ces sujets...
Moi je suis pour qu'on essaye BV3000 au Black and Blue question de mettre à jour nos habitudes d'antan. Back in the days, when we were young.
BV3000, c'est trop fort! Et notre folle jeunesse l'est aussi!
Good times! ;)
Cath! tu n'écriras pas ceci deux fois!
La folle jeunesse n'a qu'à bien se tenir si on décide de s'y remettre pour vrai. Ce sera la grandiose "has been" jeunesse haha!
Count me in!
Je n'ai pas vraiment eu de jeunesse alors, ce sera celle-là! ;)
En passant Audrey, tu m'as beaucoup fait rire en décrivant ton premier bolide, dans le temps que tu flirtais avec des calottes!
Ahah! Anne qui n'a pas vraiment eu de jeunesse. Ça sera comme notre "été des Indiens" de jeunesse. Quand, quand?
Je veux être de la partie moi aussi!! Tout comme Anne, et probablement pour la même raison, je n'ai pas eu de jeunesse non plus...
Mais il vaut vraiment la peine le new Cd de Bran Van 3000???
Ce sera grandiose, Mesdames! Pam, pour le CD, je suis pas tombée en amour avec lors de mes premières écoutes, mais maintenant, je ne m'en passe plus!
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